LA TAPISSERIE AU XVe SIÈCLE                         97
Fitré, Rennes. — Le dernier duc de Bretagne, François II, installe, en 1476 et 1477, des tapissiers de haute lice à Vitré et à Rennes. L'historien de la province auquel est due la connaissance de ce fait n'entre dans aucun détail sur ces manufactures, qui n'eurent probablement qu'une existence assez courte.
Aubusson et Felletin. — On s'accorde généralement à faire re­monter au moyen âge l'organisation des premiers ateliers d'Au­busson et de Felletin. De longues recherches n'ont rien produit de positif sur les origines, de ces manufactures. La légende attri­buant la création des premiers métiers à des Sarrasins fugitifs, après la bataille de Poitiers, ne repose sur rien.
Une autre tradition paraîtrait plus acceptable. Louis de Clermont, fils de Robert, comte de Bourbon, et de Béatrix, dame de Bourbon, avait épousé Marguerite, fille de Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, et de Philippe de Luxembourg. De là des rapports fréquents, intimes, entre la maison de Bourbon et les grandes familles de.la Flandre et des pays voisins. Louis de Clermont joignit à son patri­moine héréditaire le.comté de la Marche, cédé par le roi Charles le Bel. D'autres alliances ayant resserré les liens qui unissaient cette famille aux princes flamands, on suppose que le comte Louis, après avoir pu constater la prospérité des villes du Nord, aurait fait tous ses efforts pour provoquer une émigration de tisserands dans ses nouveaux États. Comme le comté de la Marche est un pays pauvre, montagneux, dont la terre peut difficilement nourrir ses habitants, il était fort avantageux pour une contrée aussi mi­sérable de posséder une industrie quelque peu rémunératrice.
Malheureusement toutes ces conjectures, fort séduisantes sans doute, n'ont été confirmées jusqu'ici par aucun document. Les mé­tiers, de tapisserie, il est vrai, sont en pleine activité dans la Marche au commencement du xvi0 siècle; mais on ignore absolument à quelle époque débutent les plus anciens artisans de la province.
Le premier texte où notre industrie soit clairement visée est l'in­ventaire des biens de Charlotte d'Albret, duchesse de Valentinois, la veuve de César Borgia. Ce document, qui date des premières années du xvi0 siècle, énumère plus de soixante pièces de tapis­serie de Felletin, à feuillages et bêtes, ou à bandes, c'est-à-dire ap­partenant toutes à la famille des verdures. Si l'on trouve, dans un seul inventaire, une aussi grande masse de tentures sorties d'un
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